11 mai 2007

Lorsque Sarkozy décide de sacrifier les Lettres classiques sur l'autel de la rentabilité

La Maison des Ecrivains est-elle sortie de son rôle en faisant circuler une pétition dénonçant la mise en danger des filières littéraires par le candidat Sarkozy ? Ca s’est dit ici ou là mais à l’examen, elle était au contraire droite dans ses bottes,d’autant qu’elle avait peu avant
diffusé un Appel dans le même esprit sur le même thème. Cette fois, le futur président exprimait clairement dans une interview à 20 minutes son intention de sacrifier les Lettres classiques sur l’autel de la rentabilité. Qu’on en juge :

“Dans les universités, chacun choisira sa filière, mais l’Etat n’est pas obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L’Etat financera davantage de places dans les filières qui proposent des emplois, que dans des filières où on a 5000 étudiants pour 250 places (…) Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable mais l’Etat doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes. »

La Maison des Ecrivains a donc aussitôt réagi en critiquant cette conception déchargeant l’Etat du coût de la culture :”Son jugement sur le « plaisir de la connaissance », opposé à l’utilité ou à la rentabilité érigées en principe politique, manifeste une ignorance et un mépris dangereux qui menacent le socle de toute société démocratique. Il avertit les artistes et les penseurs, nous écrivains, en particulier, du sort qu’il réserve à la culture, la littérature au premier chef, et à leur transmission par l’Education nationale. Tous les chefs d’Etat,
jusqu’ici : Charles De Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand comme Jacques Chirac ont, chacun à leur manière, exprimé leur attachement à l’héritage intellectuel et artistique qui fonde l’identité française. Ils ont écrit, se sont revendiqués de la poésie, du roman, de
l’art.” D’où un appel courageux aux intellectuels et aux professeurs afin qu’ils se mobilisent à nouveau pour sauver ce qui doit l’être, ce qui n’a peut-être pas été du goût de tous, sachant que les deux ministères de tutelle de la Maison des Ecrivains sont la Culture et l’Education nationale.

Source : La République des livres, blog de Pierre Assouline
http://passouline.blog.lemonde.fr/


--> Je me souviens de quelqu'un qui disait à peu de choses près (et pas en français) : "Lorsque j'entends le mot culture, je sors mon révolver"...

Merci à Natacha.

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