La sentinelle républicaine s'associe à la pétition "Les adolescents ne sont pas des adultes".
Nous reproduisons ci-dessous l'appel paru dans le Nouvel Observateur du 28 juin 2007 dont nous vous invitons à prendre connaissance.
"Un des premiers projets de loi, présenté à l’assemblée          nationale dès Juillet 2007, conduit à faire juger les adolescents          âgés de 16 à 18 ans, comme des majeurs, en cas de          récidive. Ces adolescents seront traités comme des adultes.          Des professionnels de l’enfance, magistrats, avocats, pédopsychiatres,          éducateurs, enseignants, spécialistes de la jeunesse lancent          un appel pour que soit conduite une évaluation des politiques publiques,          en concertation avec tous les acteurs concernés, et que soient          attribués des moyens sérieux aux politiques qui permettent          l’éducation de ces adolescents.
L’adolescence est          l’âge de tous les possibles. C’est aussi l’âge          de tous les défis, des prises de risques, de l’entraînement          réciproque. Le nombre des suicides, d’accidents de la circulation,          de violences subies, et la surconsommation d’alcool ou de drogues          sont les signes de la fragilité de cet âge.       
Une petite minorité          s’engage dans la délinquance, parfois avec violence. Devons          nous traiter ces adolescents délinquants comme des adultes, alors          qu’aucun débat n’a eu lieu sur l’age de la majorité,          et vouloir les envoyer, plus nombreux encore, en prison ?
       
Cela peut être l’effet          du projet de loi présenté par le gouvernement, qui entend          faire juger les adolescents âgés de 16 à 18 ans comme          des adultes, et durcir les peines de prison, en cas de récidive.          En l’état du texte, par exemple, un vol de portable, commis          après deux précédents vols, pourra conduire, sauf          exception, un adolescent de 16 ans pendant deux ans en prison, peine plancher          minimum. Il en résultera une augmentation importante du nombre          d’adolescents détenus.
       
Aujourd’hui, en France,          15 millions de jeunes poursuivent des études au delà de          20 ans, vivent en couple à 25 ans, ont un premier enfant à          30 ans. La prolongation des études et aussi l’accès          difficile à un premier emploi, retardent, pour tous les jeunes,          l’entrée dans la vie adulte. Sur ces 15 millions de jeunes,          15 000 d’entre eux âgés de 16 et 17 ans sont interpellés          plusieurs fois dans l’année. La plupart de ces adolescents          sont déscolarisés depuis l’age de 14 ans, sans qualification          ; ils ne parviennent pas à accéder à un premier emploi.          Se percevant comme inutiles, humiliés par les échecs répétés,          ils «traînent», provoquent, commettent ensemble la plupart          de leurs infractions. Ce sont ces adolescents qui, seuls, seraient traités          comme des adultes ? Ce sont ces adolescents pour lesquels la France abandonnerait          tout effort d’éducation? Trois mille trois cent cinquante          d’entre eux ont été en prison en 2006. Faire de l’enfermement          la seule réponse « automatique » à la délinquance          des mineurs est une impasse ; dangereuse pour les adolescents, à          cet âge de la vie, et inefficace pour la société quand          nous connaissons l’importance de la récidive à la          sortie de prison.
       
D’autres sanctions          existent, qui réparent sans exclure, et permettent un nouveau départ.          Nous devons aussi oser nous engager dans la réussite des programmes          éducatifs, des internats éducatifs qui structurent ces adolescents,          des classes relais, des centres de jour, des maisons des adolescents,          qui les inscrivent dans un projet. Leur efficacité est démontrée.          Elle serait encore plus forte si elle était appuyée par          des budgets à la hauteur de ces enjeux.
       
A l’heure de l’ouverture          politique et de la modernisation proclamée, nous demandons un moratoire          sur le texte en projet, l’ouverture d’un « Grenelle          de l’adolescence » pour mener un débat serein sur la          délinquance des adolescents, une évaluation des politiques          publiques et des réformes législatives successives, pour          dégager un consensus sur l’insertion de tous les jeunes.Conscients          de notre responsabilité d’adultes, nous souhaitons que l’adolescence          fasse l’objet d’une politique audacieuse de la jeunesse, à          la mesure des espoirs et des fragilités dont est porteuse cette          période de la vie."
Si vous aussi, vous souhaitez signer la pétition, cliquez sur le lien :
http://www.appel-adolescents.org/Merci à Danièle.