18 juin 2007

La chute de Juppé, premier revers et casse-tête pour le duo Sarkozy-Fillon

PARIS (AFP) - Le duo exécutif Sarkozy-Fillon a, malgré la victoire de l'UMP aux législatives, subi un premier vrai revers dimanche avec la défaite d'Alain Juppé, obligé de quitter un gouvernement dont l'architecture se retrouve déséquilibrée.

Le président de la République et son Premier ministre doivent également gérer les tensions autour de Jean-Louis Borloo accusé par certains à droite, en ayant évoqué une possible augmentation de la TVA, d'avoir semé la zizanie dans son camp, voire d'avoir contribué à la spectaculaire remontée de la gauche.


Battu d'une courte tête à Bordeaux, le numéro deux du gouvernement Alain Juppé a aussitôt annoncé qu'il démissionnerait du super-ministère de l'Ecologie et du Développement durable pour se conformer à la règle édictée fin mai par François Fillon, obligeant tout battu aux législatives à quitter le gouvernement.

Sa défaite est "une mauvaise nouvelle pour le gouvernement et pour le pays", a regretté l'ancien ministre du Budget, Jean-François Copé.

MM. Sarkozy et Fillon sont désormais face à un vrai casse-tête. En composant ce département ministériel aux compétences incluant les transports et la politique de l'énergie, ils voulaient marquer que la protection de l'environnement serait désormais prise en compte de façon prioritaire dans toutes les grandes politiques de l'Etat.

La crédibilité du redécoupage reposait en grande partie sur la personnalité du ministre choisi pour piloter ce nouveau mastodonte: M. Juppé, un ancien Premier ministre, poids lourd politique et expert de l'action gouvernementale nationale comme internationale.

Pour conforter encore l'autorité du maire de Bordeaux, MM. Fillon et Sarkozy avaient fait de lui le numéro deux et seul ministre d'Etat. Sa défaite dimanche n'en est que plus visible, et son remplaçant n'en sera que plus dur à trouver.

M. Borloo a, lui aussi, pris en main il y a tout juste un mois un ministère de l'Economie redécoupé, enrichi des principaux instruments de la bataille pour l'emploi.

S'il a été réélu dès le premier tour, il sort très affaibli de ce scrutin en raison de la polémique sur le projet de "TVA sociale".

A droite, plusieurs ont montré du doigt M. Borloo en lui reprochant d'avoir concédé, au soir du premier tour, qu'une hausse de la TVA était un scénario envisagé parmi d'autres.

L'ex-ministre Renaud Dutreil a sommé M. Borloo de "s'expliquer" sur ce projet, appelant la droite à "tirer les leçons de cette erreur majeure de communication qui [lui] a coûté beaucoup de voix en France".

L'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin a lui estimé que le résultat du second tour s'expliquait par la peur d'un "tsunami bleu", mais aussi par la polémique sur la "TVA sociale".

M. Borloo avait lancé un débat que la droite n'a pas réussi à maîtriser entre les deux tours, multipliant au contraire les déclarations contradictoires et les signes d'hésitation, au plus grand profit de la gauche.

Ce second tour en demi-teinte pour l'UMP pourrait aussi résonner comme un désaveu de la tactique de M. Fillon, qui avait axé sa campagne sur une attaque en règle de la gauche. Certains élus socialistes n'ont pas manqué de mettre en cause une agressivité excessive à leur égard.

Par Frédéric DUMOULIN et Christophe SCHMIDT



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